Samedi
15 Décembre :
J45
De
bonne heure … mais pas vraiment de bonne humeur ! Celui qui
tient à rester en vie ferait mieux de ne pas trop me parler !
Nous devons partir pour le trek … et mon genou me fait encore
souffrir, au point que j'hésite à abandonner. Nous prenons le bus
pour Boun Neua où nous devons retrouver notre guide.
Nous arrivons
et apercevons notre guide qui semble bien sympathique. Les apparences
sont parfois trompeuses !!! En effet, le ton monte rapidement,
quand il nous demande de l'argent pour garder nos bagages, ce qui
n'était pas prévu. Sophie s'emballe légèrement et le guide se
braque aussitôt. Sachant que nos sacs
doivent être réacheminés en bus vers Boun Tai, nous avons un peu
peur de ne pas les retrouver … ! Guillaume tente d'apaiser les
choses.
Alors que nous devons prendre un
tuk-tuk avec les femmes Akha qui reviennent du marché, nous montons
dans un bus classique avec des lao ... « classiques » !
Le bus fait le plein … de Beer Lao !!! Ce doit être le ravitaillement d'un village pour 48 heures !
Nous arrivons au village après
quelques arrêts (classiques là encore !) sur la route pour des
raisons indéterminées. Enfin, tout cela nous a mis en retard et
nous devons engloutir notre repas chez des personnes que « Zéro »
ne nous présente même pas ! Oui, oui, Zéro est le nom de
notre guide et il le porte à merveille !
Au cours du repas, nous
constatons que Monsieur ne porte qu'un petit sac à dos qui semble
presque vide. Mais où est donc l'eau minérale qu'il doit nous
fournir pendant le trek ?! Et bien, c'est plutôt simple, il n'y
en a pas !!! J'exagère, il a en fait 2 bouteilles de 500 ml !
C'est largement suffisant pour 5 personnes en 3 jours de trek !!!
Ce doit être une hallucination !
Le repas terminé, il nous faut
commencer la marche de crête en crête pour rejoindre le village
voisin … et le temps presse si nous voulons arriver avant la nuit.
Et là, Zéro file comme le vent ! Difficile de le suivre et
même impossible … ! Pas mal le guide ! Nous en arrivons
même à devoir l'appeler quand le chemin se divise. Heureusement, il
nous répond en sifflant…. nous indiquant ainsi la direction à
suivre ! Chapeau l'artiste ! Au bout de quelques heures de
marche, toujours sans guide bien sûr, Cristiano et son regard
aiguisé d'italien note que Sophie a quelque chose dans le bas du
dos, juste au-dessus de la culotte ! Une sangsue !!!!
Affreux ! Cristiano sait que la sangsue ne résiste pas au
spray antimoustique ! En effet, nous avons fait l'expérience (dans le dos de Sophie !) : un pschitt d'antimoustique et là, la
sangsue explose littéralement en une flaque de sang … immonde !
La pauvre Sophie ne voyait rien mais elle m'a entendu ! Autant
dire que Zéro n'était même pas à 1 kilomètre à la ronde !
N'ayant plus d'eau, nous remplissons les bouteilles avec l'eau de la
rivière et hop quelques « Micropure » dedans et c'est
parti ! Mais l'ingéniosité de Zéro est inépuisable et Monsieur avait décidé de remplir une de ses 2 bouteilles avec des
baies servant de médication. Quel chenapan ce Zéro !
Bon, il nous faut ne pas nous
déconcentrer et garder le rythme.
Nous finissons par arriver dans
un premier village, où tout le monde nous suit espérant
probablement quelques kips de notre part. Leurs regards semblent
désespérés.
Nous arrivons suite dans le village où nous allons
dormir. La maison du chef se situe tout au fond du village. Il
commence à faire nuit. Tous les enfants du village nous suivent.
Zéro s'installe dehors et bien sûr ne nous présente pas la famille
ni la maison …
Une maison faite de bois, avec un étage et de la
terre battue au sol. Il faut d'ailleurs se déchausser pour aller à
l'étage. Ce jeune chef du village a eu la bonne idée d'installer le
feu pour la cuisine en plein milieu de la maison et l'atmosphère est
irrespirable. Ça commence difficilement … enfin ça continue !
Nous sommes un peu désespérés. Nous discutons même de
l'éventualité de ne pas poursuivre le trek. Nous restons donc à
l'extérieur essayant d'éviter les moustiques et les enfants … qui
sont un peu comme des moustiques ! nous tournant autour et
tentant de nous piquer ! Une petite fille d'environ 10 ans est
notamment la plus insupportable, très intrusive et cherchant à nous
extirper la moindre chose. Il règne dans ce village une atmosphère
pesante et dérangeante.
Le temps du repas est venu. Nous
mangeons avec Zéro dans la partie salle à manger, alors que la
famille mange du côté cuisine. Bonne ambiance. Repas à base de
poisson, de riz gluant et de légumes.
Plutôt pas mal. Et du thé pour
agrémenter le repas. Mais ce thé n'a pas grand goût … mais bien
sur, c'est normal ! C'est en fait de l'eau, accompagnée de
particules de terre, lui donnant cette coloration marronnée … qui
nous avait initialement induit en erreur ! Bon, et bien il est
19h30 et nous n'avons plus rien à faire. Pas de lumière. Fatigués.
Nous allons donc nous coucher à l'étage sur une natte légèrement
rembourrée genre futon, et dans notre couverture de fumée...
Une envie nocturne n'est pas
vraiment pas bienvenue … surtout quand il n'y a pas de toilettes !
Aïe ! Tant pis, il faut s'armer de courage et descendre pour
aller dehors. Mince, j'avais oublié les chiens. Ils se lèvent tous
dès que j'ouvre la porte et que je sors. Les reflets verts dans les
yeux à cause de la lampe. Ambiance film d'horreur. J'ai trop peur.
Ils me suivent en grognant à l'arrière de la maison où je décide d'implanter
mes toilettes. J'ai trop peur et j'appelle Guillaume.
Pratique les cloisons en bois ! Ce dernier ne daigne pas
m'aider. J'ai peur de me faire croquer les fesses. Je m'en suis
sortie vivante mais terrifiée ! L'horreur se poursuit quand je
vais dans la cuisine près du foyer pour me réchauffer : les
chiens et un chaton semblent quasi morts, les yeux brûlés par la
fumée. Atroce.
Dimanche
16 Décembre :
J46
Nous nous levons et allons, seuls, nous balader dans le village que nous n'avons pu découvrir la veille.
Nous découvrons une femme, son
enfant sur le dos, en train de filer de la soie. Les
femmes venant d'accoucher et ayant des enfants en bas âge se doivent
d'avoir les seins découverts, gage d'un lait de bonne qualité et
sans maladie.
.
Les enfants nous suivent pas à
pas dans tout le village. Nous nous apercevons que la petite fille
« insupportable » a le visage tuméfié. Il s'agit de la
fille du chef du village. No comment.
Tous les visages portent un air
de tristesse et de désespoir difficile à regarder. C'est pourtant
là une réalité.
Après le petit-déjeuner, nous
nous mettons en route pour le village suivant.
Le chemin est atroce. Après une bonne descente, nous arrivons à une rivière. Je pense que c'est une blague mais non, il nous faut la traverser... Chaussures enlevées et pantalon bien remonté, esquive de sangsues ... c'est bon opération réussie. Quand on descend, il faut fatalement remonter à un moment donné. Une montée
interminable, abrupte sur un terrain boueux. Je veux me faire
hélitreuiller !!! Vraiment !
Le trek du matin se termine par
une partie en forêt un peu moins difficile et un peu plus agréable.
Nous arrivons au village, d'emblée plus accueillant, et nous nous
rendons dans la famille avec qui nous allons manger. Les enfants sont
très timides mais curieux malgré tout. Le chef du village est plus
âgé que le précédent et semble beaucoup plus ouvert. Il a même
sa distillerie artisanale de lao-lao à la maison ! Ça promet !
Nous partageons le repas avec le chef, les femmes étant occupées à
tisser ou préparer d'autres plats pour le repas.
Repas accompagné de lao-lao "maison", que nous buvons dans un petit verre qu'il
faut ensuite faire passer à son voisin. Et pas question de
rechigner, ça serait mal vu ! Une fois la confiance instaurée,
les femmes acceptent d'être prises en photos.
Et on nous demande
même de traiter quelques bobos de-ci de-là ! Un coup de pschitt
d'antiseptique par ici, un autre par là ! Ahhhh l'effet
placebo, c'est beau ! Un vieil homme du village avec qui nous
avons trinquer découvre le couteau-suisse de Guillaume ! qui se
retrouve embarquer dans une autre maison du village (son
antiseptique à la main!). L'homme souhaitait que Guillaume traite une plaie de son petit-fils. Il a été remercié en Lao-lao bien sûr !
Nous repartons pour quelques
trois heures de marche. En plein soleil ! Dur-dur. Mais
nous arrivons au village suivant alors qu'il fait encore jour. Et
nous pouvons profiter de rencontrer la famille du chef chez qui nous
allons dormir, ainsi que nous balader dans le village. Nous revivons
depuis le midi car les habitants et les villages sont indéniablement
plus accueillants (bien qu'extrêmement timides!). Nous apprenons à
nous connaître.
Les enfants sont curieux, viennent observer ce
qu'est cet étrange objet qu'est mon appareil photo !
Et en plus
il fait vidéo ! Les enfants jouent avec leurs mains devant l'objectif
et regardent la vidéo, complètement hilares ! Un moment
magique !
La nuit tombe et nous restons
dehors avec les enfants. C'est incroyable de les observer. Ils font
un feu en quelques instants, attrapant des braises du foyer de la
maison à mains nues et les amenant dehors. Quelques morceaux de bois
et le tour est joué. Un feu autour duquel tout le monde peut
s'asseoir. Nous essayons de nous apprendre nos prénoms, des noms
d'animaux en Akha et en français. Nous avons bien ri. Sauf un des
petits que Guillaume a malencontreusement appelé Phongsaly …. ça
a bien fait rigolé les autres mais lui a fini avec des larmes sur
les joues. Nous n'avons pas tout saisi mais il a été victime d'une
mauvaise blague ! Le pauvre. Il va traîner ça toute son
enfance.
Nous mangeons avec la famille.
Nous ne comprenons pas tout à fait les liens entre tout le monde
mais il semble qu'il y ait plusieurs femmes sous ce même toit !
La plus jeune a un magnifique bébé, âgé d'une semaine ! Ça
fait quand même un peu peur quand le bébé est bercé comme un petit sac à patates sur le dos
d'un autre enfant d'environ 5 ans !!
Après le repas, nous restons
entre femmes auprès du feu. Nous regardant, en toute bienveillance.
Et admirant ce magnifique bébé.
Non, je ne mentionne pas Zéro,
qui est parti toute la soirée voir ses copains du village...
Nous allons nous coucher alors
qu'il n'est même pas rentré. Et comme les absents ont toujours
torts, nous nous installons à l'étage à notre convenance. La
famille nous a en effet laissé l'étage, qui est normalement leur chambre,
et eux dorment au rez de chaussé, tous ensemble, près du foyer.
Nous sommes plutôt bien
installés, toujours sur des sortes de futons et avec de grosses
couvertures. Nous ne savons pas où Zéro va dormir car il n'y a plus
de places où nous sommes, mais ça sera bien son problème, nah !
Lundi
17 Décembre :
J47
Sophie avait « négocié »
la veille que nous ne partions pas en trek sans avoir petit-déjeuné
(ce que voulait Zéro …). Donc un café et des nouilles
instantanés plus tard (et aussi une embrouille Sophie-Zéro …),
nous nous mettons en marche pour la dernière demi-journée pour
rejoindre Boun Tai où nous devons prendre le bus (et où nous
espérons retrouver nos bagages !). Nous passons devant des
salles de classes. Des cours sont données gracieusement aux gens qui
le souhaitent. Autant dire que nous avons un peu imposé la
récréation !
Nous continuons le chemin, parmi
les montagnes et la mer de nuages.
Nous arrivons à la fin de notre
trek à Boun Taï. Nous patientons dans une gargotte, attendant notre
bus, en compagnie de notre charmant compagnon de route Zéro. Zéro, qui a essayé de nous arnaquer durant ces 3 jours, et probablement
aussi de ne pas reverser l'argent dû aux familles, je décide de lui
parler des massages que nous devions avoir (mais que personne ne
souhaitait... , mais que nous avions quand même payé). J'obtiens
donc de récupérer l'argent des massages, redistribué à chacun
d'entre nous. Et bien nous allons nous boire un coca ou un nescafé
glacé en canette pour fêter ça !!! A la tienne Zéro !
Zéro prend son bus, et ne dit
au revoir qu'à Guillaume … ! Quelle classe cet homme !
Nous prions pour retrouver nos
bagages dans le bus … Yes ! On les a ! Un peu soulagés quand même ! Nous grimpons dans le bus puis
nos routes se séparent un peu plus loin, Cristiano se rendant à
Oudomxaï alors qu'avec Sophie nous allons à Muang Khua.
Arrivés à destination, Sophie
et moi faisons le tour des guesthouses pendant que Guillaume gardent
les sacs. Nous nous trouvons un coin sympa avec terrasse sur la Nam
Ou. Nam Ou que nous espérions descendre en bateau mais nos visas se
terminant le 22, nous n'aurons pas le temps et devrons rejoindre le
Vietnam.
Au programme de Muang Khua,
repos, internet …et puis c'est tout !
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